Krach boursier, faillite intellectuelle ?
La fragilité du système bancaire menace tout le secteur privé. Faut-il être prévoyant et engager une nationalisation de l’ECS ?
L’économie nouvelle est
arrivée ! Finis les parachutes dorés et au cachot la spéculation. Haut les
cœurs et bas les masques : nous entrons dans une ère nouvelle, une ère
morale. L’hiver sera bien évidemment rude, mais le sens civique des
contribuables leur permettra de se serrer la ceinture sans grincer des dents.
Les trous de nos portemonnaies sont bien peu de choses face à la perspective
réjouissante d’un monde nouveau. Préparons-nous à devenir pieux, car la prière
risque bien d’être la seule nourriture de nos âmes dans les mois à venir.
Citoyens, citoyennes : la
mascarade a assez duré. À l’heure où je vous parle, les vautours du libéralisme
se repaissent du cadavre du marché. Ils découvrent que la main invisible ne fonctionne pas, qu’il faut plus de régulation.
Quelle trouvaille ! Ils fouillent leur mémoire et se rappellent de cet
étrange mot : la morale. Le théâtre de la politique est en tournée
mondiale. Il bat son plein, le spectacle n’a jamais été aussi divertissant. Cohn-Bendit
l’a bien résumé : « Sarkozy, c’est Luchini à l’Elysée »,
l’humour intentionnel en moins. La langue de bois ne divertit qu’un temps. Si La Muette de Portici a mené à la
révolution belge, ce n’est pas la désolante scénette internationale actuelle
qui provoquera un quelconque changement.
Camarades (de classe) : n’attendons
pas l’humiliation de voir notre école au cœur d’un plan de sauvetage. Prenons
les devants. Exigeons que l’ECS se mette aux normes de la Communauté française
de Belgique. Outre les bénéfices de tout bon fonctionnaire de l’État qui seront
octroyés à Olivier, Kal et Anne, cette avancée éthique poursuivra deux buts
majeurs. D’une part, notre diplôme sera enfin reconnu par l’ULB et ses nombreux
déçus trouveront peut-être le courage d’y retenter leur chance en Master. D’autre
part, l’État pourvoira au financement de notre éducation par ses subsides et le
coût de notre scolarité baissera. Car payer une école aussi chère n’est ni une
garantie d’envie d’apprendre des élèves, ni un gage de qualité du corps
professoral. En démocratisant le coût d’accès et en rendant son diplôme
compatible avec les autres études belges, l’ECS attirera peut-être une intelligencia qui en a plus que la
prétention…
Oh
et puis merde. Samedi c’est Dirty, et l’ECS a quand même vachement la classe
une bouteille de Grey Goose à la main. On claque des bises avec hypocrisie et
on se torche le cul avec notre dignité. Heureusement, les produits de luxe ont
cette vertu : ils ne souffrent pas des krachs boursiers. Des bulles, des
bulles, et encore des bulles. La solution à la crise est de se soûler les
idées. Surtout ne pas y penser, ça serait pas chic.